Le chant du 16 juin 1869 : La Ricamarie est une chanson écrite par Rémy Doutre après la fusillade du Brûlé. Cette chanson raconte l’évènement de lutte ouvrière stéphanoise où les troupes de l’armée de Napoléon III appelées en renfort pour mater la grève des mineur.es ouvrirent le feu sur les manifestant.es rassemblé.es au ravin du Brûlé à la Ricamarie. La fusillade fait 14 morts dont une fillette de 16mois et de nombreux.es blessé.es.
Rosalie Dubois, dans le rôle d’une diva/cantatrice du 19ème siècle ré-interprête a capella la chanson de Rémy Doutre, dans la galerie reconstitué du musée de la mine de Saint-Étienne.
Dans le second plan et dans un personnage de drag Diva, Rosalie Dubois ré-interprête en lipsync, le chant enregistré dans la mine au sommets des crassiers. les deux divas dialogueront grâce à l’écho produit par la mine et d’un chant pouvant se ré-approprier, se re-dire et même se re-confirmer en s’ajustant aux nouveaux enjeux, sur nos terrils et nos nouvelles identités de luttes. Dénonçant toujours le rapport de violence qui continue d’exister aujourd’hui entre les personnes participants aux luttes ouvrières et sociales en France et la répression menées par les forces de l’ordre.
Le chant du 16 juin 1869 - La Ricamarie
Lorsque l’on est à la cime des crassiers (déchets issus de la mine), surplombant leur Puits Couriot, l’on aperçoit des fumées qui sortent à certains endroits, cela peut donner l’impression d’être sur un mini volcan, et que celui-ci pourrait entrer en éruption maintenant, ou s’effondrer de toutes ses poussières industrielles. Ces émanations de fumées sont dues au fait qu’au coeur des crassiers les températures peuvent dépasser les 800°C, elles sont atteintes grâce à la combustion des restes de charbon et à l’oxydation de la pyrite qui conduisent à la fusion de la roche. Les crassiers de Saint-Étienne ne sont plus noir charbon depuis bien longtemps et une végétation hybride qu’on ne retrouve nulle part ailleurs dans la région les a recouverts.
Dans cette musique c’est tout un pan social de l’histoire de la mine de Saint-Étienne et des luttes sociales qui s’ouvrent à nous.
C’est le contemporain de cette chanson, que je fais ressortir de la mine ; c’est avec beaucoup de déception que l’on constate que cette chanson s’ajuste à nos actualités. Pouvant témoigner des nouvelles violences subies par les manifestant·es de la part des forces de l’ordre française sous un autre régime politique. Un triste constat, puisque toujours, lors de mouvements sociaux, de grèves, il arrive que des manifestant·es soient mutilé·es, agressé·es, et parfois trouvent leur mort dans l’expression de leur colère.
Cette diva, l’âme de la mine d’un temps révolu, se ré-interprète elle-même, presque comme son propre écho, comme si cette chanson pourrait alors elle aussi se ré-interpréter dans 150 ans? Comme si d’autres enfants aujourd’hui chantaient les Poppy’s : Non rien n’a changé ? ou bien 3ème sexe d’Indochine qui est reprise environ tout les 5ans.
Musée de la mine de Saint-Étienne novembre 2021 - Villa Arson juin 2022
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